Press "Enter" to skip to content

Marche à l’ombre

Je marchais
Je marchais hors de moi
En dehors de mes pas

Matins et soirs
Mon ombre me sortait
Pour aller et venir

Elle me sortait
Pour faire le beau

Il me fallait la suivre
Où qu’elle aille

Quand je m’arrêtais un instant
Pour humer l’air autour
Juste un instant
Pour effleurer les branches
Mon ombre hurlait de rage
Elle détalait à toute allure
En tirant sur la laisse

Je repartais dans l’instant
Hors de souffle

Mon ombre était loin
Vacillante
Et je ne marchais pas
Je courais
Je courais derrière elle

Je rentrais tous les soirs en sueur
En sautant dans le train
Mon corps était jeté projeté dans l’espace
Je ne discernais plus les arbres dans le paysage
Les troncs fondaient dans l’herbe
L’herbe et les feuilles se confondaient

D’un coup j’ai été arrêté
On a dû m’arrêter
Tout est allé trop vite
On m’a prescrit
Un arrêt
On m’a dit :
« Arrêtez !»

J’ai regagné mon lit
J’ai éteint la lumière

Mon ombre s’est couchée sur moi

Nous nous sommes arrêtés
Tous les deux
L’un dans l’autre

Et nous avons fermé les yeux
En écoutant l’eucalyptus



Simøné,
Décembre 2020

Les Editions La Chouette Imprévue viennent de publier un recueil collectif intitulé « Ralentir ». Tous les poèmes ont été écrits pendant le 1er confinement. On y trouve cette « Marche à l’ombre », signée sous le nom de Simøné, qui est désormais mon nom d’auteur. Le recueil ne coûte que 3€. Petit format et petit prix pour une publication très chouette, à commander ici