Fil de Line est une pièce publiée par les Éditions Bel et Bien, dans la collection « Écritures Théâtrales d’Enfance ». Cette collection propose des livres illustrés, à la mise en page « adaptée », pour que tous les enfants puissent partager leurs lectures et jouer avec le texte.
Au fil des mots,
Elle pêche à la Line,
Détricote le drame,
Rapièce son histoire.
De fil en aiguille
Se remplit l’absence.
Un point à l’envers :
la vérité naît.
Un point à l’endroit :
d’un baiser d’été.
Émeline se questionne, oublie, tremble, s’enthousiasme. Elle qui aspire à la légèreté sent qu’un secret de famille l’alourdit, freine son envol. Avec Fil de Line, Julien Bucci s’attaque au tabou de l’abandon sous contrainte imposé à certaines jeunes filles, à peine l’accouchement passé. Illustré avec force et pureté par Louise Duneton, plasticienne engagée dans l’exploration du corps féminin, Fil de Line se lit au travers des yeux d’une collégienne qui détricote l’histoire familiale pour mieux renouer avec elle.
Fil de Line fait partie des sélections 2024 d’Opalivres
Fil de Line, de Julien Bucci (texte) et Louise Duneton (illustrations).
Éditions Bel et Bien, collection Écritures Théâtrales d’Enfance, 2023.
À partir de 10 ans / 136 pages / 19,90€ / ISBN : 978-2-490984-07-7
En vente dans toutes les librairies.
➝ infos et vente sur le site des éditions Bel et Bien
Extrait / La mère sans nom
La scène est baignée d’une lumière ambrée, de faible intensité. Lumière d’aube ou de crépuscule. L’ensemble des actrices et acteurs évoluent à tâtons sur la scène, à petits pas, très lentement, sans faire de bruit. Leurs pas semblent glisser sur le sol. Chaque personnage cherche son double (son « fil »), de façon sereine, sans la moindre inquiétude. Quand ils se sont trouvés, il se relient l’un à l’autre par un fil de laine attaché au poignet. Le monologue de Line est diffusé en voix off.
Line (voix-off) :
« Au moment de naître, j’ai dû seulement t’apercevoir.
Extrait de la scène d’ouverture de « Fil de Line »
Trop loin pour que je puisse imprimer ton visage.
Trop vite pour que je puisse le reconnaître.
Trop loin. Trop vite. Mes pupilles se dilatent.
Maman.
Tu es loin, trop loin de mes yeux.
Tu n’as pas de bras, pas de jambes.
Tu n’as pas de bouche, de cheveux.
Tu n’as pas de visage, de nom.
Maman, tu es ma mère pourtant.
Rien. Il n’y a rien qui nous relie.
Je ne sais rien de toi et de toi je n’ai rien.
Maman maman je n’ai de toi
Qu’une petite couverture de laine
Et les mots gelés d’un papier qui certifie :
– le jour où tu m’as mise au monde.
– le prénom que tu m’as laissé.
– l’heure où tu m’as délaissée… »
